Dès la naissance, le bébé cherche naturellement à se sentir en sécurité auprès de la personne qui prend soin de lui — souvent sa mère ou son père. Ce lien se construit à travers des échanges subtils, faits de regards, de gestes, de sourires et de réponses adaptées aux besoins du nourrisson.
Lorsque ces interactions sont bien ajustées et répétées dans le temps, l’enfant apprend peu à peu à se sentir en sécurité, à réguler ses émotions, à faire confiance à l’adulte et, plus tard, au monde qui l’entoure.
Mais il arrive que ce lien soit perturbé. Lorsqu’un enfant ne reçoit pas les soins émotionnels et physiques dont il a besoin, ou que ces soins sont incohérents, intrusifs, absents ou menaçants, cela peut entraîner ce qu’on appelle un trouble de l’attachement. Ce trouble peut se manifester selon un large spectre : de simples fragilités relationnelles jusqu’à des formes sévères décrites dans les classifications médicales comme le trouble réactionnel de l’attachement (RAD) ou le trouble de désinhibition sociale (DSED).
Les signes d’un trouble de l’attachement varient selon les enfants, mais certains indicateurs doivent alerter, en particulier lorsqu’ils s’inscrivent dans la durée :
Le bébé ne cherche pas à être réconforté en cas de détresse
Il semble « absent », ne sourit pas, évite le regard ou le contact
Il réagit peu à la séparation ou au retour de son parent
Il refuse ou évite les câlins
Il a du mal à prendre du poids ou à s’alimenter
Il est souvent agité, agressif, ou au contraire anormalement calme et « trop sage »
Il manifeste peu d’intérêt pour les autres ou, à l’inverse, va facilement vers des inconnus sans retenue
Il semble ne pas ressentir la peur ou ne pas comprendre le danger
Chez l’enfant plus grand, on peut observer des difficultés à exprimer ses émotions, des comportements de retrait, de l’opposition marquée, des crises fréquentes ou un besoin excessif de contrôle. Ces enfants peuvent aussi avoir des comportements incohérents, changeants, comme s’ils passaient sans transition d’un extrême à l’autre : cela reflète souvent un attachement désorganisé.
Un trouble de l’attachement se construit dans un contexte avec lequel les besoins fondamentaux de l’enfant ne sont pas suffisamment pris en compte :
Pertes précoces ou séparations prolongées : décès d’un parent, placement, adoption
Maladie physique ou psychique du parent (dépression, addictions…)
Grossesse non désirée ou niée
Maltraitance, négligence, abus
Conditions de vie très précaires ou instables
Climat familial imprévisible ou violent
Manque de réparation après des expériences douloureuses
Traumatisme transgénérationnel, lorsque le parent lui-même n’a pas reçu un attachement sécurisant
Ce ne sont pas les événements seuls qui causent un trouble, mais l’absence de réponses adaptées et répétées aux besoins de l’enfant, en particulier lors de situations émotionnellement intenses.
L’enfant en manque de sécurité relationnelle développe souvent des mécanismes d’adaptation :
Il peut hyperactiver son système d’attachement : il devient angoissé, dépendant, cherche constamment l’attention de l’adulte
Ou bien hypoactiver ce système : il se coupe de ses émotions, devient distant, évite le contact ou se montre « trop autonome » pour son âge
Ces adaptations, utiles à court terme pour survivre émotionnellement, peuvent entraîner à long terme des difficultés dans la gestion du stress, des relations sociales, la régulation émotionnelle et la construction de l’estime de soi.
Les recherches en neurosciences ont mis en évidence que les expériences d’attachement précoces influencent la maturation du cerveau, en particulier dans l’hémisphère droit, celui qui régule les émotions, les relations sociales et les réactions de stress. Lorsqu’un enfant grandit dans un climat relationnel insécurisant, il développe parfois des stratégies extrêmes de survie psychique, comme la dissociation, qui consiste à se couper de ses émotions pour ne pas souffrir.
Oui, même si cela prend du temps et demande de la patience, il est possible d’aider un enfant à se sentir mieux et à guérir de ses blessures affectives. La théorie de l’attachement nous apprend que ce qui compte le plus, c’est la relation entre l’enfant et la personne qui s’occupe de lui, souvent la maman ou le papa. C’est cette relation qui donne à l’enfant un sentiment de sécurité, comme une base solide pour grandir.
Quand cette relation est difficile, par exemple parce que l’enfant n’a pas toujours eu de réponses claires ou rassurantes à ses besoins, il peut se sentir perdu, en colère, ou avoir peur sans vraiment savoir pourquoi. Il peut alors montrer des comportements qui inquiètent, comme se refermer sur lui-même, avoir du mal à gérer ses émotions, ou chercher beaucoup d’attention.
Des thérapies comme l’EMDR ou l’ICV sont des outils qui aident l’enfant à revivre certaines expériences douloureuses d’une nouvelle façon, plus douce, pour mieux les comprendre et s’en libérer. Mais au-delà de la thérapie, ce qui est essentiel, c’est que l’enfant puisse grandir dans un environnement dans lequel il se sent en sécurité. Cela veut dire que ses proches soient stables, prévisibles, et surtout empathiques, c’est-à-dire qu’ils essaient de comprendre ses émotions et ses besoins sans le juger.
Il est important de repérer ces signes de mal-être dès que possible, pour pouvoir agir avant que ça devienne plus compliqué. En offrant à l’enfant un cadre rassurant et beaucoup de bienveillance, on lui donne la chance de reconstruire petit à petit un sentiment de confiance en lui et en les autres. C’est ce lien fort et sécurisant qui l’aidera à s’épanouir et à faire face aux défis de la vie.
Téléphone / WhatsApp : +33623024132
J'exerce en cabinet au 92 rue Frédéric Bellanger 76600 Le Havre
Séances également disponibles en visioconférence
Les consultations se font uniquement sur rendez-vous
Un simple pas vers vous-même peut tout changer