Dans les premiers mois et années de vie, le besoin d’attachement est aussi vital que se nourrir ou dormir. Il s’agit d’un mécanisme de survie profondément ancré, hérité de l’évolution : un bébé qui reste proche de ses figures de soins augmente ses chances de vivre et de se développer.
Il est donc important de déconstruire l’idée qu’un tout-petit ferait des caprices ou chercherait à "manipuler" les adultes. Lorsqu’un bébé pleure et qu’il s’apaise dans les bras de son parent, c’est simplement parce qu’il se sent en sécurité. Le contact, la voix, la chaleur… tout cela l’aide à réguler son stress.
Même si cela peut être épuisant de répondre encore et encore aux pleurs ou aux demandes de réassurance, souvenez-vous que votre enfant exprime un besoin sincère, pas une volonté de vous épuiser ou de vous défier.
👉 Votre accueil bienveillant de ses émotions pose les bases d’un lien de confiance qui durera toute sa vie.
Le Dr Anne Raynaud, spécialiste reconnue de l’attachement et fondatrice de l’Institut de la Parentalité, rappelle qu’un enfant ne devient pas dépendant parce qu’il est proche de ses parents ; c’est même l’inverse. S’appuyer sur une présence stable, douce et prévisible lui permet de construire un socle solide de sécurité affective. Cette confiance intérieure agit comme un moteur qui l’encourage à s’ouvrir au monde, explorer avec curiosité, tenter de nouvelles expériences et relever des défis.
On peut voir le rôle parental comme un grand porte-avions protecteur : l’enfant y revient pour retrouver chaleur, paroles rassurantes et bras accueillants. Il y puise énergie, courage et sérénité pour repartir, plus assuré, vers de nouveaux horizons. Plus il sait qu’il pourra toujours revenir vers cette base sûre, plus il osera s’éloigner, explorer et déployer ses ailes pour grandir et devenir autonome.
👉 L’attachement n’entrave pas la liberté : il est ce qui la rend possible.
Le rôle du parent consiste à ajuster continuellement la bonne distance émotionnelle : être là quand l’enfant a besoin de soutien, tout en lui laissant l’espace nécessaire pour grandir et expérimenter. Cela revient à jongler entre deux messages essentiels :
« Viens contre moi » : quand l’enfant a peur, se sent triste ou dépassé.
« Tu peux y aller » : quand il est prêt à essayer, à découvrir, à faire par lui-même.
Cet équilibre n’est pas figé. À certaines périodes (maladie, changements, insécurité émotionnelle…), le besoin de proximité sera plus fort, et c’est tout à fait normal. À d’autres moments, vous verrez votre enfant réclamer plus de distance, de liberté ou de défis.
👉 En respectant ce rythme naturel, vous l’aidez à construire un rapport sain à la sécurité et à l’autonomie.
Lorsque votre enfant vit une émotion intense, il n’a pas encore les mots ni les outils pour la comprendre seul. Votre rôle consiste à mettre des mots sur ce qu’il ressent :
« Tu es triste parce que ton jouet est cassé ? »,
« Tu es fâché parce que tu voulais encore jouer ? »
En nommant ses émotions sans jugement, vous l’aidez à développer son intelligence émotionnelle. Avec le temps, il pourra mieux identifier ce qu’il ressent et apprendre à réguler ses réactions.
👉 Un enfant dont les émotions sont accueillies apprend qu’il a le droit de ressentir… et qu’il peut être compris.
Il n’est pas nécessaire d’être un parent parfait. Ce qui compte, c’est d’être suffisamment présent, c’est-à-dire attentif, régulier, disponible émotionnellement, autant que possible.
Des études montrent que les réparations relationnelles sont plus importantes que les erreurs elles-mêmes. Si vous vous énervez, que vous criez ou que vous êtes moins disponible… l’essentiel est de revenir vers votre enfant et de réparer le lien :
« Tu sais, j’étais très fatigué·e tout à l’heure et je me suis mis·e en colère. Je suis désolé·e. Tu mérites qu’on te parle avec douceur. »
👉 Cela montre à l’enfant qu’il est possible de vivre des conflits sans rupture du lien.
Parfois, nos interprétations d’adulte prennent le dessus : on pense qu’un enfant « exagère », qu’il « fait exprès », ou qu’il « cherche à attirer l’attention ». Ces pensées peuvent venir de notre propre histoire ou de la fatigue.
Prenez le temps d’observer les comportements de votre enfant avec curiosité plutôt qu’avec jugement. Posez-vous cette question :
« Et si ce comportement était le signe d’un besoin qu’il n’arrive pas encore à exprimer autrement ? »
👉 Changer de regard permet souvent d’apporter une réponse plus ajustée et apaisante.
Nos réactions en tant que parents sont parfois liées à notre propre passé : notre éducation, nos blessures, nos manques ou nos peurs. Si certaines situations nous mettent particulièrement en difficulté (pleurs, oppositions, séparation…), cela peut être le reflet d’un vécu non résolu.
Prendre soin de soi, s’autoriser à demander de l’aide (amis, professionnel·le·s, groupes de parents) ou entamer un travail personnel peut profondément transformer la relation parent-enfant.
👉 Un parent qui prend soin de lui·elle devient un modèle pour son enfant.
Dès la naissance, le bébé cherche naturellement à se sentir en sécurité auprès de la personne qui prend soin de lui — souvent sa mère ou son père. Ce lien se construit à travers des échanges subtils, faits de regards, de gestes, de sourires et de réponses adaptées aux besoins du nourrisson.
Lorsque ces interactions sont bien ajustées et répétées dans le temps, l’enfant apprend peu à peu à se sentir en sécurité, à réguler ses émotions, à faire confiance à l’adulte et, plus tard, au monde qui l’entoure.
Mais il arrive que ce lien soit perturbé. Lorsqu’un enfant ne reçoit pas les soins émotionnels et physiques dont il a besoin, ou que ces soins sont incohérents, intrusifs, absents ou menaçants, cela peut entraîner ce qu’on appelle un trouble de l’attachement. Ce trouble peut se manifester selon un large spectre : de simples fragilités relationnelles jusqu’à des formes sévères décrites dans les classifications médicales comme le trouble réactionnel de l’attachement (RAD) ou le trouble de désinhibition sociale (DSED).
Les signes d’un trouble de l’attachement varient selon les enfants, mais certains indicateurs doivent alerter, en particulier lorsqu’ils s’inscrivent dans la durée :
Le bébé ne cherche pas à être réconforté en cas de détresse
Il semble « absent », ne sourit pas, évite le regard ou le contact
Il réagit peu à la séparation ou au retour de son parent
Il refuse ou évite les câlins
Il a du mal à prendre du poids ou à s’alimenter
Il est souvent agité, agressif, ou au contraire anormalement calme et « trop sage »
Il manifeste peu d’intérêt pour les autres ou, à l’inverse, va facilement vers des inconnus sans retenue
Il semble ne pas ressentir la peur ou ne pas comprendre le danger
Chez l’enfant plus grand, on peut observer des difficultés à exprimer ses émotions, des comportements de retrait, de l’opposition marquée, des crises fréquentes ou un besoin excessif de contrôle. Ces enfants peuvent aussi avoir des comportements incohérents, changeants, comme s’ils passaient sans transition d’un extrême à l’autre : cela reflète souvent un attachement désorganisé.
Un trouble de l’attachement se construit dans un contexte avec lequel les besoins fondamentaux de l’enfant ne sont pas suffisamment pris en compte :
Pertes précoces ou séparations prolongées : décès d’un parent, placement, adoption
Maladie physique ou psychique du parent (dépression, addictions…)
Grossesse non désirée ou niée
Maltraitance, négligence, abus
Conditions de vie très précaires ou instables
Climat familial imprévisible ou violent
Manque de réparation après des expériences douloureuses
Traumatisme transgénérationnel, lorsque le parent lui-même n’a pas reçu un attachement sécurisant
Ce ne sont pas les événements seuls qui causent un trouble, mais l’absence de réponses adaptées et répétées aux besoins de l’enfant, en particulier lors de situations émotionnellement intenses.
L’enfant en manque de sécurité relationnelle développe souvent des mécanismes d’adaptation :
Il peut hyperactiver son système d’attachement : il devient angoissé, dépendant, cherche constamment l’attention de l’adulte
Ou bien hypoactiver ce système : il se coupe de ses émotions, devient distant, évite le contact ou se montre « trop autonome » pour son âge
Ces adaptations, utiles à court terme pour survivre émotionnellement, peuvent entraîner à long terme des difficultés dans la gestion du stress, des relations sociales, la régulation émotionnelle et la construction de l’estime de soi.
Les recherches en neurosciences ont mis en évidence que les expériences d’attachement précoces influencent la maturation du cerveau, en particulier dans l’hémisphère droit, celui qui régule les émotions, les relations sociales et les réactions de stress. Lorsqu’un enfant grandit dans un climat relationnel insécurisant, il développe parfois des stratégies extrêmes de survie psychique, comme la dissociation, qui consiste à se couper de ses émotions pour ne pas souffrir.
Les troubles de l’attachement se construisent dans la relation, mais ils peuvent aussi se réparer dans la relation. C’est un chemin parfois long, mais profondément transformateur pour l’enfant… et pour les adultes qui l’accompagnent.
Lorsqu’un enfant a vécu des expériences précoces d’insécurité (manque de réponses stables, rejet, négligence, peur, instabilité émotionnelle…), cela peut altérer sa capacité à faire confiance, à se sentir aimé, ou à se sentir en sécurité.
Ces blessures se manifestent souvent à travers des comportements déroutants : opposition, repli, dépendance excessive, agressivité, hypervigilance, etc.
👉 Derrière ces réactions, il y a un besoin profond d’être compris, sécurisé, reconnu.
Le soin quotidien, la régularité et la bienveillance des adultes qui entourent l’enfant sont au cœur de la réparation.
Même si la relation d’attachement a été abîmée, un enfant peut retrouver un équilibre affectif s’il est entouré d’adultes stables, disponibles et empathiques, capables de :
répondre à ses besoins de manière cohérente,
nommer ses émotions,
rester présents face à ses tempêtes émotionnelles,
réparer les liens quand il y a des tensions.
👉 L’enfant a besoin d’expérimenter que les relations peuvent être sûres et constantes.
La thérapie peut jouer un rôle central lorsque les blessures d’attachement sont profondes.
La qualité de la relation entre l’enfant et le ou la thérapeute est, en elle-même, un outil de transformation.
Dans cet espace :
L’enfant est accueilli sans jugement,
Ses émotions sont contenues et validées,
Le thérapeute agit comme une figure sécurisante, stable et prévisible.
👉 Ce lien de confiance permet à l’enfant de revivre certaines expériences émotionnelles dans un cadre sécurisé, et de commencer à intégrer d’autres façons d’être en relation.
Des approches comme :
l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires),
le Focusing (écoute du ressenti corporel),
ou encore la thérapie par le jeu, l’art, ou le conte,
peuvent aider l’enfant à traverser ses vécus douloureux de manière douce et adaptée à son âge.
Mais aucun outil ne remplace le lien : la technique n’est qu’un support à une relation de confiance.
👉 La priorité reste toujours la sécurité émotionnelle de l’enfant dans la relation thérapeutique.
La réparation d’un trouble de l’attachement n’est pas linéaire. Il y aura des avancées, des régressions, des moments d’épuisement aussi.
Mais chaque pas vers plus de sécurité intérieure est précieux.
Avec :
du temps,
un cadre rassurant,
des adultes qui prennent soin de leurs propres émotions,
et un accompagnement thérapeutique de qualité,
l’enfant peut réapprendre à faire confiance, à se relier, et à construire des relations plus saines.
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